MA DÉMARCHE

En quête de sens.

 Je veux graver dans la toile blanche l'expression passionnée des moments d'humeur et d'amour, moments hautement colorés, éclatements fulgurants des joies et des chagrins. 

Je veux écrire sans un mot dans un geste à peine retenu les reflets de la pensée, vagues lumineuses de l'âme. Je veux accoucher de moi-même.

Car au-delà des mots il y a la couleur, lambeaux d'émotions jamais dites et d’instincts retenus.

Rien n'est abstrait. Tout est respiration. Dans le chaos de la matière, tout comme dans le bouillonnement de ma vie, j'essaye de donner du sens, un sens.

L’inconnu de moi s’étale au grand jour et malgré moi sur les murs, cartographie de l’insoupçonné démasqué. Pas question de s’y cacher, tout est viscéral. L’âme circule, folâtre, batifole dans les épaisseurs de la chair.

Tout à coup tout me semble permis, desserré, relâché, ouvert. Mes gestes se libèrent des combats épiques, besoin de pousser les murs, le vide en dessous est peu à peu fécondé.

L’espace m’appelle, l’invisible s’impatiente d’être vu, le vivant veut sortir.

Apprivoiser la liberté de créer, jubilation de peindre l’inattendu coloré et tellement rêvé. 

L’apprentissage de la liberté de créer est une aventure fougueuse et passionnée au cœur de soi tout autant qu’un abandon généreux au regard des Autres…

 

Nicole Anquetil Août 2023

 

Texte de Lucien Ruimy :

« Elle se jette sur la toile, le geste est fort, les couleurs bleu, noir rouge explosent. Les barrières volent en éclats. Quand elle ne cherche pas à plaire, à en dire trop pour masquer l’essentiel, quand sa peinture est vraie, directe sans compromis, elle laisse s’exprimer son tempérament volcanique. Nicole Anquetil se met à nu. Dans une gestuelle dynamique que n’arrêtent  que les limites de la toile, elle laisse parler tout ce qu’il y a de fort en elle. Laisser parler le corps qui sait, ne pas se laisser aller à faire « joli », dire la vérité du geste premier, celui que l’on ne calcule pas, celui qu’elle ne cherchera pas à masquer sous des couches et des couches de conventions picturales. Oser aller au sens premier de la peinture « le sujet de la peinture ce n’est pas toujours le sujet » et créer ainsi de véritables déflagrations chromatiques.  S’imposant d’improbables défis elle avance au gré de ses humeurs, elle s’abandonne à la joie d’une couleur, d’un geste ou d’une transparence. Elle nous invite à la suivre dans son cheminement, dans le chaos de sa pensée en apparence si ordonnée. Dans son désordre chromatique, elle recherche une ligne directrice que lui donnent souvent ses fulgurances en noir. En fait, Nicole Anquetil est une anarchiste chromatique, du chaos elle tente de faire surgir une organisation nouvelle, un équilibre des couleurs,  un ensemble cohérent. Des limbes de la gestuelle incontrôlée, de l’explosion colorée Nicole nous dit : regardez, c’est tout moi. » 

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