Couleurs 

Pâleurs de bleu tendues étirées à l’infini

Effilochés rouges de sentiments couchés

Transparences émues, offertes et grisantes

Lambeaux roses de peau vibrante

Je voudrais apprendre par coeur toutes ces couleurs

Coups de pinceau, coups de couteau

Phrases cachées et jetées l’air de rien

Sans aucun sens comme ils disent !

J’ai rêvé d’arriver enfin à peindre l’indicible,

Parfums du coeur et du corps

Méli-mélo de demi-teintes effleurées

Juste caressées sur la toile offerte,

Murmure de l’âme qui erre

Paysage mental toujours pas compris

Mais tellement vécu, ressenti, respiré

Combien de fois faudra-t-il recommencer ces gestes

Pour comprendre l’essence-ciel

Mais d’où viens-tu

Pour dire tout cela ?

Mais qui es-tu

Pour peindre comme cela ?

Voyage interdit au-delà de toute espérance

Voyage sans entrave

Images accrochées à mon corps comme des coquillages

Images rivées au creux de mon ventre

Images arrachées devenues soudain aériennes et vivantes

Aimer la toile enfin libérée

Me fondre en elle et n’en plus revenir

Hisser les voiles de la création

Peindre et peindre jusqu’à plus soif

Me laisser submerger par les flux et reflux de la couleur

Marée haute des carmin, vermillon, rouge de Chine et de Venise

Torrent des roses et tous ces fuchsia qui m’obsèdent

Prolonger le voyage jusqu’à l’ivresse de la térébenthine

En finir enfin avec le bleu royal entêtant, envoutant...



Nicole Anquetil ... Mai 2007


Désir

Au-delà des mots et des phrases jamais osées

Il y a la couleur, émotions jamais dites

Pâleurs de bleu tendues et étirées à l’infini

Effilochés  rouges de sentiments couchés

Transparences émues, alanguies et grisantes

Lambeaux roses de peau frémissante

Méli-mélo de demi-teintes effleurées

Juste caressées sur la toile offerte

Murmures lumineux de l’âme amoureuse et réveuse

Combien de fois faudra-t-il peindre pour comprendre l’Essentiel

Voyager de l’autre côté du visible

Hisser les voiles de la création et errer

Me laisser submerger, chavirer par les flux et reflux colorés

Les marées de carmin, vermillon, rouge de Chine et de Venise

Torrents des fougueux indigos et déferlantes des fuchsias

Envie de prolonger cette quête de l’origine

Jusqu’à l’ivresse de la térébenthine

Suspendre mon souffle pour tout retenir

Accoucher enfin du cosmos intérieur

Abstraite énergie qui fait vivre

M’ouvrir au désir et sortir du cadre

Me laisser séduire par l’irruption de l’inattendu

Oh combien vivante et aimante

Ma peinture est ma belle amie.

Ma peinture est ma belle amie.

2023


Rouge bonheur

Désespoir au clou!

Bonheur de vivre au mur!

Aux yeux de tous.

Peinture au secours,

Peinture retrouvée au détour de la vie, de la mort,

Toiles coups de chance pour s'accrocher à l'avenir,

Détresse jetée avec l'huile et la térébenthine,

Couleur bleue des sanglots devenue

Couleur du bonheur tout à coup retrouvé,

Couleur rouge de la colère devenue

Rouge d'amour,

Couleurs claquantes comme des drapeaux dans le vent,

Déclarations d'amour à la terre entière.

Gestes maladroits empoisonnés par la douleur,

Peur de colorier le chagrin,

Cadeaux lourds à porter, couchés sur le lin

Pour le meilleur et le plaisir,

Beaucoup d'eau et de bleu et puis des taches rouges...

Ma peinture est ma belle amie.

 

Nicole Anquetil... 2014


Pour étaler du bonheur

Grandes plages alanguies sur le blanc

Perspectives infinies et parfumées

A peine respirées, juste caressées

Délicates mèches de soi(e) …

J’ai rêvé de fondre les bleus

Jusqu’au fond de mon âme

Emprisonner les noires blessures

Retenir à bout de bras les ocres éclatés

Et les blessures de sienne .

J’ai rêvé d’abolir la technique, jeter les pinceaux

Et peindre,

Peindre comme je respire, sans impatience,

Briser le maquillage pour me révéler.

Mais l’âge est là…

Il me faut attendre la transparence

Et dire à coups de couteau la fougue qui m’anime,

La violence qui empêche le recul du trait,